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D'où vient le nom de Lucé ?

L’Histoire de Lucé, même si elle n'a pas la flamboyance de certaines communes, mérite un certain regard. De Lucius à Lucé, les archives historiques de notre ville réunies par Louis Mouette nous racontent une longue histoire, la naissance de Lucé et l'impact de l'époque romaine.


L'origine de Lucé et l'empreinte des Romains

En 52 avant Jésus-Christ, les armées gauloises, sous les ordres de Vercingétorix, étaient battues à Alésia par les légions romaines de Jules César. Peu à peu, toute la Gaule était soumise aux lois de l'occupant et l'administration romaine établissait un cadastre indispensable pour la fixation de l'impôt. Pour Lucé, le nom est lié au riche propriétaire d'une villa gallo-romaine (ferme) de l'époque, Lucius. Celui-ci nommait son endroit Lucianum, qui veut dire « domaine de Lucius ». Cette villa se situait au hameau des Barres, dont les vestiges ont été retrouvés vers 1857 dans un champ dénommé « champs des dix minots » (cadastré section 0229). Elle est actuellement traversée par la rue Albert Brossard, à l'écart de la route qui menait de Autricum (Chartres) à Subdinum (Le Mans). Aussi, selon l'Abbé Villette, qui fut un brillant spécialiste de toponymie (étude de l'origine des noms de lieux), Lucé aurait changé souvent de nom au cours des siècles :
LUCCIACO (949) - LUCIACO (1099) - LUCEIO (1114) - LUCIACUM (1116) - LUCETUM, LUCIS-VILLA (1120) - LUCEIUM (1133) - LUCEYUM (1389) - LUCEY (1641) - LUCÉ.

Des vestiges Gallo-Romains

De l'homme habitant notre région voici cent mille ans, on a trouvé au centre de l'ancien bourg de Lucé, de l'outillage acheuléen, en pierre taillée ou polie, datant du paléolithique.
Le « champtier de la grosse pierre », qui se situe au chemin de Poiffonds (direction Amilly, au bord de la route du Mans qui passait par les Vauroux) à Lucé, doit se référer à un mégalithe disparu (meulin).
Après la conquête de la Gaule par Jules César, de vastes régions du département d'Eure-et-Loir sont défrichées, et la Beauce est couverte de grandes fermes ou villas. Les Romains édifient des ouvrages importants, le long d'une route, qui allait de Autricum (Chartres) à Subdinum (Le Mans), et qui passait par Lucé. Il y avait également une voie publique 
qui permettait de se rendre de Chartres à Brou par un chemin (chemin Henri IV par Saumeray). Cette voie de communication est sur le tracé, vraisemblablement, de la route qui se détache de la route nationale 23 et se dirige vers Saint-Georges-sur-Eure.

Naissance d'un aqueduc souterrain

Une autre preuve de l'occupation romaine est l'aqueduc souterrain qui traversait Lucé d'ouest en est, et qui allait chercher l'eau pure, dans l'Eure, en amont du moulin de Landelles, et aboutissait à Chartres, près du Grand Séminaire. Long d'une trentaine de kilomètres, cet aqueduc était enfoui à 1 ou 2 mètres de profondeur, et sa pente était moyenne de 0,50 m par kilomètre (0,15 m seulement à Lucé). Cet aqueduc a été détruit, en grande partie lors des nombreux terrassements consécutifs à l'urbanisation de la commune de Lucé entre 1950 et 1990. 
Son itinéraire a été reconstitué en 1866 par la Société Archéologique d'Eure-et-Loir. Il passait approximativement sous l'actuel parking de Géant, sous l'immeuble des Arcades, sous la résidence François Foreau, traversait la rue François Foreau jusqu'au parking du centre commercial du Vieux-Puits, et longeait le côté droit de la rue du Maréchal Leclerc jusqu'à la place Jeanne d'Arc.

La vallée des Vauroux impactée

Les Romains ont également laissé des traces matérielles de leur passage dans la vallée des Vauroux. Ainsi, un groupe d'habitations extérieures à la cité de Chartres avait été édifié dans cette vallée. Lors de la construction de l'embarcadère du chemin de fer (1849), puis de la gare de Chartres, des découvertes antiques ont révélé une grande quantité de monnaies, médailles, poteries, figurines et objets divers, signés de main romaine. Par ailleurs, les travaux de construction des chemins de fer ont bouleversé la vallée des Vauroux qui se trouve désormais comblée sur une grande surface.

Sources : Louis Mouette (historien local) et Edmond Desouches (maire de Lucé - 1947/1989).